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Métamorphose

Une crise continue ? Non, une mutation.

Il y a presque 2 ans, c’était une crise. Aujourd’hui, avec les « vagues » à répétition, c’est une crise qui dure qui s’est installée, sans un retour à un avant ni l’avènement d’un nouvel après. Bien nommer la période actuelle est la première étape pour appréhender ce à quoi nous devons faire face. Une « crise continue », comme certains l’appellent par défaut, n’est ni aidant  ni vraiment efficace : nous savons quels comportements adopter en temps de crise, mais qu’est-ce qu’une crise continue, à part un oxymore ?

Je propose mutation. Pourquoi ?

  • Nous vivons historiquement la fin d’une ère (celle née à la Renaissance et fondée sur la notion de Progrès) et le début d’une nouvelle. Ces conclusions sont issues des travaux sur les sciences de la complexité et de la prospective. Je vous invite à lire les écrits si clairs de Marc Halevy sur le sujet si vous souhaitez en savoir plus. L’important ici est de saisir que la mutation en cours est de taille : il s’agit ni plus ni moins de la fin des idéaux et des structures nés il y a environ 550 ans et de la naissance d’un nouveau cycle avec ses nouveaux idéaux et nouvelles structures. 
  • Ce que nous nommons crise continue est en fait l’expression des mouvements chaotiques qui ébranlent nos sociétés, nos systèmes et nos organisations. Ce que vit notamment la Santé en France l’illustre parfaitement.
  • Comme la métamorphose de la chenille en papillon, la mutation est une phase intermédiaire entre deux phases stabilisées. C’est ce que nous sommes en train de vivre, et encore pour plusieurs années, voire quelques décennies.
  • Mutation permet de nommer ce qu’il y a à faire : muter les organisations, les façons de faire, les structures, les objectifs. Le mot est plus fort (selon moi) que transformation ou changement, et nommer de manière juste l’intensité de ce qui est en train de se passer est cruciale pour agir dans les bons ordres de grandeur de temps  (nous n’en avons que peu et il s’accélère) et de profondeur du changement.
  • Mutation exclut du coup l’immobilisme comme solution, car l’immobilisme ça serait prolonger l’ancien chemin et quelque part rater l’avenir, en faisant perdurer des structures de plus en plus inadaptées au contexte et à l’écosystème qui ont émergé depuis 2 ans. Au lieu de faire dérailler les organisations dans cet écart grandissant entre le chemin qu’elles prolongeraient d’une jambe et le chemin que leur impose la Société de l’autre,  nommer cette époque mutation ouvre de toutes nouvelles perspectives.
  • Si nous disons « nous ne sommes pas en crise continue, nous sommes en mutation », nous n’attendons plus la fin d’une crise qui n’en finit plus, mais nous nous projetons : car s’il y a mutation, c’est qu’il y a quelque chose de nouveau vers où aller. Cela indique donc un chemin à suivre, mais aussi le chemin qu’on laisse. C’est peut-être là qu’est l’enjeu majeur pour les organisations car la difficulté, comme disait Keynes, n’est pas de comprendre les idées nouvelles, mais d’échapper aux idées anciennes.

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