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Vivre la mutation

Comme je l’expliquais dans mon précédent article,  la mutation est une phase intermédiaire entre deux phases stabilisées. C’est ce que nous sommes en train de vivre, et encore pour plusieurs années, voire quelques décennies.

Si nous disons « nous ne sommes pas en crise continue, nous sommes en mutation », nous n’attendons plus la fin d’une crise qui n’en finit plus, mais nous nous projetons : car s’il y a mutation, c’est qu’il y a quelque chose de nouveau vers où aller. Cela indique donc un chemin à suivre, mais aussi le chemin qu’on laisse.

Il y a maintenant 2 temps à vivre : le temps de la mutation et le temps de l’après. Et 2 stratégies : vivre le temps de la mutation et trouver sa voie vers le temps de l’après. Ces deux stratégies peuvent être vues sous l’angle individuel et l’angle collectif, ce qui nous fait 4 cas à exposer pour bien vivre ces temps troublés.

Vivre le temps de la mutation en tant qu’individu

Ou comment vivre avec le chaos. Développer l’intériorité. Car si au chaos extérieur s’ajoute la perte de repère intérieure, la vie quotidienne devient très vite anxiogène, pour ne pas dire plus. Apprendre à se connaître pour faire de meilleurs choix. Renoncer, accepter des conditions dégradées, résister, savoir être patient, composer et attendre de sortir du gros temps. Beaucoup de bémols dans cette musique de vie, personnelle ou professionnelle. Mais les airs en mode mineur ne sont pas les moins intéressants, à écouter ou réécouter Chilly Gonzales :  elles invitent justement à la réflexion, à l’introspection, à la profondeur, à la compréhension. 

Vivre le temps de la mutation en tant que collectif

Ou comment aider les autres à vivre dans le chaos. Développer l’entraide et le soutien. En entreprise, deux excellents outils pour développer l’entraide et l’apprentissage entre pairs sont le co-développement et le « moi à ta place », une version plus courte et tout aussi efficace du co-développement. Je partage ici le témoignage d’une équipe de 12 cadres récemment accompagnées et dont les membres, comme dans l’écrasante majorité des équipes, ne prenaient pas le temps de se parler de leur manière de fonctionner ensemble. Ce fut lors d’un atelier d’une demi-journée qu’ils découvrirent combien l’exercice était bénéfique. Leurs feedbacks furent « étonnement » ,  « ça fait du bien de pouvoir parler de nos problèmes », « je ne savais pas qu’elle ou lui rencontrait ces difficultés », « je ne savais pas que je pouvais l’aider, ni que je pouvais autant apprendre des autres ». Ils ont d’ailleurs ritualisé cette pratique et la confiance a grandi, les liens entre eux se sont renforcés, c’est une meilleure équipe de leur propre constat. 

Pour en savoir plus en 6 minutes sur le co-développement, cette vidéo sur notre chaîne FAQ-UBE.

Trouver sa voie vers le temps de l’après en tant qu’individu

Ou comment développer son autonomie personnelle. Tous ceux qui sont en recherche d’un chemin post-covid, qui se posent la question de quitter son job, sa région, son pays, de changer d’air parce qu’il s’est tellement appauvri de sens qu’on en a peine à respirer. Le sens, le pourquoi faire les choses est d’abord une quête intérieure de ce qui nous motive, nous attire. C’est une transformation personnelle dont nous faisons le pari comme d’autres – je pense à Thomas d’Ansembourg notamment – qu’elle est le moteur et le préalable à la transformation sociétale et des organisations. La compréhension de ce qui nous attire et nous motive nous est offerte par ce précieux modèle qu’est l’ennéagramme. Nous vous invitons à lire nos différents articles de présentation de cette démarche ici :

Trouver sa voie vers le temps de l’après en tant que collectif

Ou comment rebondir et explorer de nouveaux horizons fluides, fun et frugaux. Chez F-Cube, nous avons mis au point un diagnostic de résilience organisationnelle pour vous aider à déterminer où en est votre organisation par rapport à ce monde VUCA : quel est votre niveau d’autonomie organisationnelle ? Quelle est votre capacité de rebond ?

Ensuite, nous mettons à votre disposition le parcours de transformation F-Cube pour vous aider à tracer le vôtre en 9 étapes : comment redonner à rêver, développer la coopération, et intégrer l’entraînement managérial au niveau des individus, des équipes et de l’organisation tout entière. Découvrez ici notre offre.

Joie les pieds sur terre

Joie & Lucidité : un outil pour rebondir

Un outil fun pour auto-évaluer votre capacité à rester connecté au Réel en associant harmonieusement joie et lucidité.
 

Nous vivons totalement déconnectés du Réel

3 exemples concrets de déconnexion au Réel :
 
1. Le monde virtuel : la déconnexion cognitive entre l’acte (un simple clic pour acheter en ligne par exemple) et ses conséquences (la mise en route d’une chaîne logistique complexe, internationale et consommatrice de matières premières, de ressources énergétiques, et humaines).  Saviez-vous, par exemple que le monde « virtuel », le numérique, a un impact carbone mondial représentant 4 fois la totalité des émissions de la France ?
impact carbone du numérique
 
 
2. La distanciation entre les êtres fait qu’on ne voit plus les conséquences de nos actes sur eux : si on ne connaît pas, on ne s’attache pas. On peut alors faire ou nous faire faire des choses sans que ça nous coûte émotionnellement ou moralement. Lorsque, par exemple, les actionnaires sont des retraités américains représentés par des fonds de pension, qui contrôlent des entreprises à des milliers de kilomètres de chez eux et dont ils ignorent tout, il est très facile de décorréler leur demande d’augmentation des dividendes des conséquences sur les personnes qui travaillent dans ces entreprises.
 
3. La distanciation d’avec le vivant  procède de la même logique. Elle consiste à séparer physiquement les personnes et les peuples. Le nombre et la forme de ces séparations physiques est en rapide augmentation. Près de chez nous d’abord : avez-vous remarqué que les murs de propriété des maisons individuelles sont devenus systématiques et de plus en plus hauts ? Entre les peuples : saviez-vous que 65 pays (sur 220) ont érigé des murs le long de leurs frontières, soit 4 fois plus que lors de la chute du mur de Berlin en 1989 ? Pour en savoir plus, suivez ce lien .
 
La toute dernière forme de séparation physique des personnes n’est pas un mur mais une barrière : les gestes barrières anti-covid, et les masques, ultime mur dressé directement sur nos visages, nos sourires, nos expressions, et nos mots. Un mur intime et violent si efficace qu’il empêche de se faire comprendre, et même de respirer. Quelle sera la prochaine invention de l’homme, la prochaine étape vers la dislocation du lien entre humains ?
 

Il n’y a qu’une seule réalité, mais plusieurs façons de la voir.

6-9 inversés
 
Nier la réalité. Interdire toute autre façon de la voir, n’en autoriser qu’une seule c’est déjà nier la réalité. Théoriquement, on pourrait dire que si la seule façon autorisée de voir la réalité est la « bonne », tout va bien : cela pourrait signifier que des êtres « éclairés » ont su rendre le plus justement compte de ce qui est et de ce qui se transforme. Mais le process d’interdire toutes les autres façons de voir, et de n’autoriser qu’une seule version, c’est déjà être hors du réel. Pourquoi ? Parce que par nature la réalité est diverse. La Nature n’a pas qu’une seule version du vivant, elle les multiplie pour une seule et vitale raison : une seule version interdirait toute adaptabilité à l’évolution de son écosystème, et mènerait à la mort. La pluralité est constitutive du Réel. Tout comme la souffrance.
 
Soyons lucide, la souffrance fait partie de nous. Un monde et une vie sans souffrance sont illusion. La négation de cette réalité poussé à l’extrême aboutit à ceci : la mort est une souffrance, elle doit disparaître, je veux « profiter de la vie » le plus longtemps possible (transhumanisme), je ne veux plus voir la mort (exclusion de nos anciens du cercle familial, sous-traitance de la fin de vie aux maisons de retraite), j’ai peur de la moindre maladie et je suis prêt à abandonner toute forme de liberté pour assurer la sécurité de ma santé (gestion de la crise Covid). Notre monde occidental a fini de perdre toute sa lucidité en 2020.
 

Il y a aussi plusieurs aveuglements pour éviter de voir la réalité

Premier aveuglement : déformer la réalité. Diminuer ou augmenter certains faits, en ce qu’ils nous dérangent ou nous arrangent.
Second aveuglement : supprimer tout ou partie des faits et inventer sa propre réalité (fantasme, idéologie, virtualité)
Troisième aveuglement : l’éloignement, la distanciation d’avec ce qui se produit, le terrain
Quatrième aveuglement : se soumettre à la dictature des émotions et oublier la Raison.
 
Ces 4 formes d’aveuglement sont à l’oeuvre de manière intriquée et le plus souvent inconsciente. Être lucide, c’est avant tout prendre conscience de nos aveuglements pour enlever nos lunettes noires et nos oeillères. Ma définition de la lucidité : capacité à rester connecté au Réel.
 

Associez la Joie à la lucidité

La joie ne doit plus être qu’un bastion pour les seuls initiés capables de vies intérieures. Parce que c’est elle qui met la couleur sur le Réel. Parce que ça ne sert à rien d’être lucide si c’est pour rien en faire, à part ruminer, partager nos contrariétés, râler, faire le français quoi. La Joie est un super pouvoir qui rayonne de l’intérieur et nous permet d’appréhender, voire aujourd’hui de supporter, la réalité. Ça fait des années que je la cherche. La joie comme la lucidité sont des mouvements verticaux. La joie nous élève, la lucidité nous ramène sur terre. Les deux sont absolument nécessaires, leur équilibre est vital. La joie sans la lucidité, c’est la naïveté malsaine de l’ignorance : vous faites un bad trip de positivité, une overdose d’optimisme. La lucidité sans la joie et vous sombrez dans le marasme, le regret du passé, la dépression. Le Tao enseigne l’importance de l’équilibre. Il nous invite à considérer la joie et la lucidité comme les deux pôles d’un même aimant. D’abord en prendre conscience, ensuite y travailler.
 
J’ai connu dès 2008, lorsque j’étais consultant en Développement Durable, cette première confrontation entre le réel et la motivation. Je devais faire prendre conscience, dans mon métier on dit sensibiliser aux enjeux du développement durable, mais dans un objectif bien précis : celui de motiver pour agir. En fait, avec le recul, l’objectif réel était plutôt de donner bonne conscience que de faire prendre conscience, ce qui explique sûrement que dire la réalité exactement comme elle était dérangeait, parce qu’elle était déprimante. Cette question n’est pas neuve : comment partager une information douloureuse, qui risque fort d’avoir des conséquences sur votre mode de vie à court terme, mais qui s’avère absolument nécessaire à prendre en compte pour nos enfants et nos petits-enfants ?
 
Je propose d’allier pour cela lucidité et joie. Lucidité comme troisième voie entre optimisme et pessimisme, qui implique de regarder les choses telles qu’elles sont, sans passion, c’est-à-dire sans émotions débordantes, voire extrêmes. L’émotion doit faire partie d’une analyse lucide, pas le surplus d’émotion ni le manque d’émotion. La joie est là pour orienter le constat et flécher nos actions vers le nouveau et la créativité plutôt que sur la perte de l’acquis et le contrôle du présent ; elle est là pour voir ce qui nous arrive comme une épreuve et non une punition, pour vivre la souffrance comme un apprentissage. Voyons cela comme un cycle =
  • Étape 1 : la lucidité permet de faire une photo du réel. C’est la capacité à mentaliser et verbaliser sa propre situation.
  • Etape 2 : la joie permet ensuite d’éclairer le réel et de se mettre en mouvement. En cela, la joie est dans le non jugement, car son énergie est interne (nos besoins non satisfaits) et non externe (changer les autres pour qu’ils cessent de m’agacer ou de me menacer).
  • Etape 3 : le mouvement crée ainsi un ou plusieurs changements qui produise un autre réel, duquel il faudra à intervalles réguliers prendre de nouvelles photos, avec lucidité (Retour à l’étape 1). Alors comment faire pour allier lucidité et joie ? Comment savoir si nous ne manquons ou n’exagérons ni l’une ni l’autre ?
 

De l’aveuglement à la lucidité joyeuse et la joie lucide – Un outil pour rebondir

Je vous livre ici un outil pour développer votre lucidité. Ce modèle se présente sous la forme de l’acronyme JOIE, histoire d’être cohérent et facile à retenir 🙂
 
Cet outil sert à auto-évaluer votre capacité à rester connecté au Réel en 4 questions. Pour être à son juste niveau de puissance, nous vous conseillons d’utiliser cet outil de la manière suivante : réalisez votre auto-évaluation, puis demandez à quelques personnes de confiance qu’elles répondent également à ces questions, afin de vous évaluer. Puis, partagez vos réponses. Voici les 4 questions :

Dans un monde VICA, la clé actuelle, c’est la lucidité. Rebondir, c’est choisir la joyeuse lucidité et la joie lucide. Bonne auto-évaluation !